Samedi soir, la saison de Supercross US repart après ce qui aura été la plus courte intersaison d’aussi loin que je me souvienne ! On ne va pas s’en plaindre, les bonnes nouvelles n’étant pas légions dans la période actuelle. D’autant que cette année s’annonce bouillante, avec une liste de favoris longue comme un jour sans pain. On fait le point ?
À tout seigneur tout honneur, commençons par causer Eli Tomac. Le géant vert arborera pour la première fois la plaque #1 en SX 450 sur sa superbe Kawasaki officielle. Auteur d’une saison plus que solide l’an dernier, où il a enfin réussi à éliminer ces erreurs qui lui ont coûté bonbon par le passé, il lui reste à faire le plus difficile : confirmer. Ce qu’il a été capable de faire plusieurs fois de suite en outdoor, soit dit en passant. Sa machine n’ayant que peu évolué, on peut se dire qu’il n’y aura pas de souci à ce niveau-là. Reste à connaître son degré de motivation, après avoir enfin touché le Graal. Tomac est installé, n’a pas de problème d’argent et est maintenant un père de famille… De quoi le ralentir ? Dur à dire.
Jusqu’à preuve du contraire, le mystère Kenny Roczen reste entier. Depuis ses innombrables opérations du bras, le pilote HRC possède une santé fragile, avec des baisses de régimes aléatoires qui l’ont empêché de se montrer à son meilleur niveau sur 17 courses. Cette fois, Ken, lui aussi nouveau père de famille, a pris l’été complet pour récupérer et devrait donc en toute logique se présenter plus frais que jamais au départ. Souvenons-nous que Kenny était au coude au coude avec Eli l’an dernier juste avant la pause Covid. L’inconnu de son côté étant sa nouvelle machine…
Certes, il a eu le temps de la mettre au point, mais on sait que la réalité du terrain d’entraînement n’est pas forcément celle du samedi soir. Combien de fois a-t-on entendu des pilotes se plaindre de leurs réglages après Anaheim 1 ? Un paquet, c’est un fait. Et cette fois, avec une seconde épreuve mardi, il n’y aura pas le temps de tout bouleverser. Ni de récupérer aussi sereinement qu’avec un calendrier « normal ». Ça en fait, des interrogations…
S’il y en a sur qui on peut compter, c’est Cooper Webb. Pas le plus beau, pas le plus rapide, pas le plus technique, mais le gars est là tout le temps, sur le podium ou au moins pas loin. Après s’être reconstruit lui aussi physiquement cet été, CW2 sera prêt, ça ne fait aucun doute. Et ce n’est pas le nouveau format des courses qui va le ralentir, si l’on en juge par ses exceptionnelles performances à Salt Lake City. Webb est un racer, un vrai, qui « trouve des solutions », comme dirait JCV, pour gagner ou au moins marquer des gros points. Un gros client !
Justin Barcia arrive lui aussi avec du vent dans les voiles. Vainqueur des deux dernières ouvertures, ça vous pose un pilote. D’autant que Justin a enfin réussi à poser ses fesses sur une KTM d’usine, même si elle est rouge, un souhait qu’il caressait depuis longtemps. D’après toutes ses interviews, il se sent mieux que jamais, est en pleine confiance etc… Oui, ils disent tous ça, ce qui n’empêche que BamBam reste très dangereux, pour la victoire comme pour les autres, d’ailleurs. Un candidat au titre ? Peut-être pas. A la victoire samedi ? Sans aucun doute !
Et si 2021 était l’année du 21 ? Bon, vous me direz qu’en 2018, il n’avait pas le 18… J’en conviens, mais Jason Anderson reste sur une sacrée dernière sortie en SX, où il aurait dû s’imposer s’ils n’avaient perdu sa selle. Cette année sera décisive pour JA21, puisque c’est sa première post-Aldon Baker. Deux solutions : soit il est en cruise-control et va tranquillement continuer d’empiler les chèques sans trop forcer, soit il va vouloir montrer à tout le monde qu’il n’a pas besoin du gourou sud-africain pour gagner et là, attention à lui. Le talent, la vitesse, les départs, il les a. Aura-t-il la volonté de tout mettre bout à bout ? On verra, c’est bien pour ça qu’on met tout le monde derrière la grille !
Autre garçon plein d’avenir malgré son âge quasi-canonique, son coéquipier Zach Osborne arrive lui aussi plein d’assurance. Après tout, il est le dernier à avoir remporté un SX US jusqu’à samedi, et il reste aussi sur un championnat outdoor, son premier en catégorie reine. Zacho étant un émotif qui a besoin de confiance, ce premier rendez-vous de l’année pourrait bien être important pour le reste de sa saison. Mais maintenant, il SAIT qu’il peut battre tout le monde, au lieu de le croire. Ça fait une sacrée différence…
En matière de vitesse pure, il n’y avait pas grand monde pour rivaliser avec Adam Cianciarulo l’an dernier en SX, avant qu’il ne réalise une excellente saison outdoor également. Las, AC9 s’est fait opérer à l’intersaison d’un nerf du coude qui lui causait des problèmes de mal aux bras. Il ne sera donc pas forcément à 100% à Houston. La saison est longue cependant, et ce petit contre-temps pourrait bien lui retirer un peu de pression et jouer en sa faveur sur le long terme. À suivre.
Son pote Chase Sexton est une des variables les plus intéressantes de ce début de championnat 450. Chase a montré sa vitesse et son talent dans la catégorie en outdoor, et il sort quand même de deux titres SX 250. En plus, le gars côtoie le génie de près tous les jours en s’entraînant sous la direction de Sa Majesté James Stewart, et rien que pour ça, on a envie de l’encourager.
En parlant de rookie, Dylan Ferrandis va enfin faire son entrée dans la cour des grands. Franchement, j’en aurais fait un de mes favoris sans sa petite blessure à la main qui a ralenti sa préparation. Un mal pour un bien, car ce manque de roulage pourrait bien lui retirer un peu de pression de la part des médias et des observateurs. S’il ne cartonne pas d’entrée, tout le monde mettre ça sur le compte de ce contre-temps. Et si au contraire il affole les compteurs, on ne pourra que crier au génie. Une win/win situation, comme ils disent là-bas. Go Dylan !
Et on aura deux français dans la course, avec évidemment Marvin Musquin. Marvin a fait l’impasse, on le rappelle, sur le SX l’an dernier pour soigner un genou. Revenu en outdoor avec peu de préparation, il a fait très bien, dans une discipline où il est plutôt plus à l’aise qu’en MX. Marvin, c’est quand même huit victoires en SX 450, ça commence à causer. Par contre, il va falloir s’énerver pour gagner un championnat. Parce que les années passent et ça ne risque pas de devenir plus facile…
Du coup, ça fait mine de rien dix pilotes qu’on passe en revue. Et croyez bien que chacun de ces dix serait bien déçu de ne faire que, disons septième samedi soir. Pourtant, il n’y a bien que trois places sur le podium, une seule tout en haut… Demain, je vous parlerai de Malcolm Stewart, Dean Wilson, Aaron Plessinger, Joey Savatgy, Justin Brayton, Brandon Hartranft, Broc Tickle, Shane McElrath… Pff, la profondeur du plateau, c’est quand même quelque chose ! Vivement samedi !