Moteur revu, nouveau cadre, réglages de suspensions optimisés, la version 2021 de la petite Yamaha YZ250F a été modifiée plus en profondeur qu’il n’y paraît esthétiquement. Déjà bien pourvue niveau moteur, elle en gagne encore de ce côté-là, tout en gardant son caractère propre. Quant au châssis, il inspire la confiance.
La 250 2021 hérite du cadre dernière génération de la sa grande soeur 450.
Ici présentée en version déco standard, moins “funky” que la version Monster.
Sûr qu’au premier coup d’œil, pas évident de vraiment distinguer la 2021 de sa devancière. Et pourtant, on se rend vite compte du boulot effectué en se penchant sur les changements. Le cadre a changé, puisque c’est tout simplement le même que celui de la 450 2020. Le moteur a lui aussi été revu, dans le but avoué de trouver plus de force à mi-régimes et plus d’allonge tout en haut de la courbe, avec les changements d’ECU qui vont avec. Évidemment, les réglages de suspensions ont été adaptés à la nouvelle configuration, et voici comment on se retrouve avec une toute nouvelle machine, même si, comme indiqué plus haut, ça ne vous saute pas au visage à première vue. Reste à voir comment ces changements s’appliquent sur le terrain. Ce sera à Saint Thibéry, pour l’occasion, puisque c’est sur ce spot réputé que Yamaha nous a invité pour tester la nouveauté. Les bleus ont visiblement décidé de pousser la version équipée de la déco Monster Energy, puisque sur les six machines présentes, cinq disposaient de cette déco d’ailleurs plutôt réussie « en vrai ».
Comme dirait Louane, “je vole”… Oui, c’était gras le matin.
Quatre saisons
Le matin de l’essai, c’est la Normandie dans le sud. Il a d’abord fait gris, avant de crachiner puis de tomber des sauts d’eau sur nos pauvres têtes. Puis, vers midi, les nuages se sont dissipés pour laisser place à un franc soleil et 30° à l’ombre. Autant vous dire qu’on a donc eu trois pistes différentes pour tester : une glissante, une séchante/collante et une sèche. Parfait pour appréhender la moto dans toutes les conditions. Premier constat quand on enfourche la Yamaha, on retrouve ce triangle selle/guidon/repose-pieds qu’on connaît. Le guidon, un Renthal sans barre, est accueillant et consensuel. On se sent très rapidement à l’aise dessus, surtout quand on fait, comme moi, une taille relativement standard avec 176 cm sous la toise. La moto ne fait pas spécialement large entre les jambes, tout va bien. Un coup de bouton magique et le moteur s’ébroue, avec toujours ce son Yamaha particulier, qui vient du fait que vous avez le filtre à air sous le menton en roulant, mais j’ai trouvé que les bruits d’aspiration du filtre, très présents auparavant, avaient été gommés. En tout cas, ça ne m’a jamais gêné. Quand on commence à se chauffer et à mettre du gaz, deux choses frappent en premier : le couple du bloc, et la neutralité du châssis. Commençons par le moteur, si vous voulez bien. Même retouché, on reste sur la même architecture avec quatre soupapes, double arbre à cames en tête et culasse inversée. Et il faut bien reconnaître qu’il possède d’incontestables qualités.
Tractor pulling
Le couple, surtout, comme je le disais. Une fois habitué, on se surprend à mettre une vitesse de plus dans les virages par rapport à ce qu’on ferait avec une autre 250F. Le bloc accepte de descendre bas dans les tours sans caler, puis il repart avec une force de Massey Ferguson sans même avoir à toucher à l’embrayage. Franchement, c’est assez bluffant pour une si petite cylindrée, comme si Yam avait collé un kit 300 cm3 dans sa machine ! Ça, c’est la bonne nouvelle. La moins bonne, c’est que même si les équipes de développement sont parvenues à trouver plus de mi-régimes et d’allonge, c’est un fait, on reste encore un peu sur sa faim avec un rupteur qui arrive remarquablement vite pour une 250. On aimerait tellement qu’elle aille encore plus haut dans les tours que c’est presque frustrant, même si c’est l’ADN de cette moto. Il n’y a qu’à passer des vitesses, me direz-vous.
Après la pluie, le soleil.
Exactement, c’est le cas, il faut savoir jouer du sélecteur pour vraiment tirer le meilleur parti de ce moteur. Effectivement, quand on est capable de le faire, on se rend compte que c’est bien là qu’elle se montre la plus efficace et qu’on peut alors descendre ses temps. Mais il faut reconnaître que quand on aime piloter dans les tours, il manque un petit quelque chose… Autre élément qui détonne, l’embrayage à câble qui commence sérieusement à faire anachronique sur un modèle 2021. Au fur et à mesure de le session de 20 mn, il faut le retendre régulièrement quand on en abuse un peu. Les Japonais s’y mettent peu à peu, comme Kawasaki et Honda, espérons que Yamaha soit le prochain. Ou avant Suzuki, au moins, ce serait bien…
Sur des rails
Ce châssis, c’est quelque chose ! Fidèle à la réputation des Yamaha, il donne rapidement une confiance totale dans la moto pour attaquer. Les suspensions, signées KYB à l’avant comme à l’arrière, sont réglées plutôt fermes d’origine, mais la fourche a le bon goût de s’enfoncer gentiment sur le premier tiers de la course avant de vraiment « verrouiller » ensuite. Ça permet de bien placer l’avant dans les entrées de virages et les ornières, tout en étant serein sur les gros sauts. Après, avec 86 kg sur la balance (#aimebiensaucer), j’ai conscience d’être un peu plus lourd que la moyenne, et donc ce setting pourrait bien paraître un poil raidos pour les plus légers d’entre vous. En parlant de l’avant, je l’ai justement trouvé très précis, tranchant, avec un bon grip sur l’angle au moment des freinages, par exemple. Même dans la boue du matin, il permettait d’arriver avec un peu d’angle dans les virages sans voir la mort en face à chaque fois. La maniabilité de la machine n’est peut-être pas la référence de la catégorie mais est tout de même de très bon niveau. Elle accepte facilement d’aller chercher des petits intérieurs vicieux, par exemple. La stabilité, elle, nous a paru assez royale. Aucun doute, ça file droit, comme sur des rails. C’est le compromis des deux, surtout, qui en fait une arme redoutable. La Yam n’est pas forcément la meilleure partout, mais elle n’a aucun défaut flagrant. Même la largeur entre les jambes dont on a pu se gausser à une époque n’est plus qu’un mauvais souvenir. C’est fin, ça tourne bien, ça file droit et c’est bien suspendu. On commence donc à être pas mal, avec ce type de package ! Proposée au tarif de 8499 €, soit dans la moyenne de ce qui se fait dans la catégorie, la Yam séduira encore un peu plus ses nombreux fans avec cette nouvelle version, et parviendra peut-être à en convaincre de nouveaux, à condition d’aimer piloter avant tout avec sur le couple, le plus impressionnant des 250. Pour ceux qui aiment les motos qui ruptent très haut, ce n’est peut-être pas le choix le plus indiqué, même en bricolant un peu avec le Yamaha Power Tuner.
Et ouais, je sais même faire des cabrettes !
Yamaha Power Tuner
Le caractère moteur au bout des doigts
L’application Yamaha Power Tuner permet, via son smartphone (IOS comme Android) d’affiner le caractère moteur de votre machine en agissant sur les courbes d’injection, de carburant et de calage de l’allumage en fonction de vos préférences, de la configuration de la piste et des conditions de pilotage. Il est possible d’enregistrer deux courbes dans le boîtier ECU à sélectionner instantanément sur le guidon. De quoi passer, par exemple, d’une cartographie explosive adaptée à un terrain sec et rapide à une cartographie plus douce pour des conditions boueuses ou des parties techniques. Outre la possibilité de modifier les courbes, l’application Power Tuner possède d’autres fonctionnalités comme l’enregistrement de données pendant les manches ou la surveillance de divers paramètres (maintenance, diagnostic, nombre d’heures…). Une fonction de partage vous permet aussi de comparer vos réglages et vos données avec d’autres pilotes. Un accessoire pratique et au goût du jour.
La vidéo de démonstration du Yamaha Power Tuner
Ce bloc fait des merveilles en bas et a progressé en haut. Du très bon boulot.
Nouveautés Yamaha YZ250F 2021, ce qui change :
· Moteur hautes performances redessiné avec une puissance accrue
· Réponse à l’accélération plus fluide avec sensation de surrégime plus longue
· Conception d’arbres à cames d’échappement optimisée avec un nouveau profil et un croisement réduit
· Paramètres d’injection de carburant optimisés offrant une puissance améliorée
· Système d’admission entièrement repensé optimisant les performances à haut régime
· Silencieux de grande capacité optimisant l’accélération à haut régime
· Cloche d’embrayage plus robuste pour mieux gérer les performances du moteur
· Engrenages de transmission redessinés offrant des performances et une robustesse optimisées
· Nouveau cadre à poutre bilatérale offrant un équilibre optimal entre résistance et rigidité
· Réglages de suspension avant et arrière améliorés pour optimiser la maniabilité
· Freins avant (Ø 270 mm) et arrière (Ø 240 mm) plus légers et puissants
· Guidon plus léger et repositionné
· Repose-pieds en acier chromoly plus légers
· Axe avant plus léger
· Habillage Blue Icon et plaques numéro frontale et latérales au coloris assorti
La piste griffée de Saint Thibéry a permis de bien tester les moteurs.
Fiche technique
https://www.yamaha-motor.eu/fr
8499 €
Disponible en octobre 2020
// MOTEUR :
Cylindrée (cm3) : 249
Alésage x course (mm) : 77 x 53.6
Alimentation : injection éléctronique ø 44
Boîte : 5 rapports
Démarrage : électrique
// PARTIE CYCLE :
Cadre : double poutre en aluminium
Fourche : KYB Ø 48 mm, déb. 310
Amortisseur : KYB, déb. 317
Freins à disque AV/AR (mm) : Ø 270/240
// MESURES :
Empattement (mm) : 1475
Garde au sol (mm) : 335
Hauteur de selle (mm) : 970
Poids usine tous pleins faits : 106
Réservoir (l) : 6,2
Le fameux bouton qui permet de sélectionner deux courbes au guidon, pré-réglées issues du Power Tuner.
Le freinage est au top avant comme arrière, rien à dire.
L’ensemble fourche/amortisseur KYB réagit parfaitement sur les petits comme les gros chocs. Du top matos.
Par Richard Angot, photos Yamaha.