Présentées au salon de Milan EICMA 2019, les Fantic XX (versions motocross) et XE (versions enduro) avaient surpris, tant par la beauté des hôtesses qui les entouraient que par les solutions techniques retenues : une base (moteur et châssis) issue des YamahaYZ, avec un kit plastique différent, un ensemble pot/silencieux Arrow et un CDI développé en interne. Aujourd’hui, on y est. Les Fantic sont devenues une réalité, avec ce drôle d’équipage italo/nippon. Ce qui n’empêche que sur le terrain, ça marche !
Oui, le cadre et le moteur sont d’origine Yamaha, mais sauce bolognaise.
La Fantic n’est certes pas une nouveauté totale, mais elle complète une offre 125 alléchante et se pose en alternative.
« Ce partenariat avec Yamaha est une grande chance pour nous. On doit beaucoup à Eric De Seynes pour ça. » Ces mots sont signés Mariano Roman, le directeur général de Fantic. Marque mythique des années 70/80, notamment en enduro et en trial, elle a ensuite plus ou moins disparu en fonction des quelques rachats du nom. Avant de véritablement renaître tel le phénix fin 2014, quand ce fameux nom qui pèse tout de même trois titres de champion du monde de trial (#thierrymichaud) a été racheté par VeNetWork, un groupe de 57 entrepreneurs vénitiens qui « gèrent environ 200 entreprises, employant 4 000 salariés, et présents dans 90 pays à travers le monde. Ils sont tous animés par la volonté d’en faire plus pour leur territoire, en soutenant et en développant des projets à fort potentiel. » selon le site internet du groupe. Avec désormais Mariano Roman, ancien directeur technique d’Aprilia, entre autres, aux commandes. Pour construire au départ des vélos électriques, puis des machines loisirs/Scramblers, les Caballero, qui héritent du nom mythiques des premiers modèles emblématiques de la marque.
Le pot et le silencieux Arrow, développés spécialement pour Fantic.
Une 250 2T pour novembre
Mais comme l’ADN maison est la compétition, Fantic voulait aussi revenir sur le devant de la scène en présentant des modèles cross et enduro compétitifs. Le développement d’un moteur étant un investissement colossal inenvisageable pour le moment, ils ont ainsi préféré s’appuyer sur des solutions éprouvés : un partenariat avec Yamaha. Après « plus deux ans de négociations » selon le boss, ça a enfin été chose faite. Fantic propose ainsi une gamme MX/enduro avec pour le moment un 125 2T, qui sera rejoint dès novembre par une 250 2T issue de la même base. Avant, l’an prochain, de découvrir (au moins en enduro) le 250 4T, toujours avec moteur et châssis Yamaha. « La base technique est la même, oui, mais nous avons ajouté notre petite contribution avec un habillage plastique spécifique, plus fin entre les jambes que celui de base, un ensemble pot d’échappement/silencieux et un CDI qui ont été développés avec l’aide de Jan Witteveen » selon Diego, responsable de projet. Jan Witteveen, pour les plus jeunes, c’est un ingénieur motoriste hollandais spécialiste du 2T impliqué dans environ 40 titres mondiaux, entre vitesse, motocross et enduro. Pas franchement un charlatan…
Le terrain était typique italien : rapide et bien béton. De quoi éprouver moteur et suspensions !
Reste à voir ce que ça donne sur le terrain. Déjà, elle présente plutôt bien, la petite, dans sa sobre livrée blanche et rouge. Les plastiques sont plutôt réussis, mais ça reste une affaire de goût. Étriers de freins Nissin, disques Galfer, suspensions KYB, jantes Excel, pneus Dunlop, selle anti-dérapante, on n’est pas sur une brêle au rabais, mais bien sur du modèle « premium ». La preuve, c’est que la petite fait quand même 7990 €, soit 500 boules de plus que la « version » Yamaha. Il y a intérêt à ce qu’elle apporte… Bon, déjà, elle permet de rouler différent, puisqu’il paraît que c’est à la mode. Allez, c’est parti. Le terrain qui accueille la présentation, le XPark Savignano est typique italien : rapide, béton, avec des gros sauts et des dénivelés conséquents. Presque un peu flippant, à vrai dire. Ce qui n’a pas l’air de gêner Andrea Bonacorsi, officiel de la marque au sein du team Maddii qui évolue en Europe 125 (une manche 5e à l’ouverture du championnat en GB). Pff, ça roule fort !
“Dès qu’on met en route, le son qui sort de l’Arrow claque un peu différent”
Quand on monte sur la moto, on n’est évidemment pas surpris. Seule différence notable avec une Yamaha, les agréables poignées Domino et la selle anti-dérapante. Mais dès qu’on met en route, le son qui sort de l’Arrow claque un peu différent, c’est un fait. Et après quelques tours, tous les collègues de la presse européenne sont d’accord avec la première impression : le moteur en a gagné par rapport à l’origine Yamaha, c’est un fait. C’est le plus notable tout en haut de la courbe, au niveau de l’allonge. On peut rester lonnnggggtttttemmmps sur le même rapport, elle continue à en vouloir. Et si en bas, il ne faut pas hésiter à mettre de l’embrayage pour ressortir des virages, 125 cm3 oblige, les mi-régimes nous ont aussi paru bien copieux… Seul léger bémol, une carburation un tout petit peu riche. Il faut dire qu’avec des différences de température d’environ 20° entre le matin et l’après-midi, pas facile de tomber pile. Ni, d’ailleurs, de rouler quand il fait 40° à l’ombre. À boire…
Rien à dire sur le reste de la machine : embrayage souple, boite bien étagée, ce moteur a beau avoir quelques années au compteur, la qualité est au rendez-vous. Même chose, d’ailleurs, pour ce châssis alu qui reste une référence, surtout secondé par cette excellente paire de suspensions KYB. Maniable, légère comme… une 125 et facile à placer en entrée de virage grâce à l’absence d’inertie, on se régale très vite au guidon. Et selon notre collègue espagnol qui possède justement une Yamaha 125 YZ 2019, oui, la Fantic est effectivement plus fine entre les jambes. Pas facile à dire comme ça, quand même, sans avoir les deux côte à côte, mais comme c’est sa moto… Si les KYB donnent toute confiance pour attaquer, on peut quand même dire que les ingénieurs y sont allés franco sur les clics niveau settings. Comprenez que c’est réglé bien dur, pour les attaquants. Même avec un niveau correct et 86 kilos, j’aurais bien mis quelques clics pour assouplir. Le fait est également que nous étions un peu trop gonflés pour ce terrain béton, ce qui joue également et ne favorise pas le confort. Mention très bien pour le freinage, avant comme arrière. L’ensemble Nissin/Galfer fait parfaitement le job, rien à redire !
500 € d’écart avec une Yamaha.
Alors, ça le fait ou pas ? Oui, carrément. La machine d’origine est performante, bien équipée en moteur comme en châssis. Et oui, elle nous a semblé en donner un peu plus qu’une Yamaha, sa « base technique », comme ils disent chez Fantic. Est-ce que ça vaut les 500 € d’écart ? Ça, c’est à vous de voir, mais c’est possible… En tout cas, ça permet de rouler différent, avec une machine qui ne manquera pas d’attirer le regard partout où vous passez. D’ailleurs, l’export manager Matteo nous a confié que Fantic ne serait pas contre aider quelques petits jeunes qui vont bien au niveau ligue, n’hésitez donc pas à vous rapprocher d’un concessionnaire de la marque. Il n’existe pas d’importateur pour la France, la distribution se fait donc en direct, mais de plus en plus de revendeurs sont intéressés et vous ne devriez pas avoir de mal à trouver une Fantic en concession, même s’il faudra attendre novembre pour cela.
La fourche comme l’amortisseur sont signés KYB. Du très bon matos, réglé ferme d’origine. Les attaquants apprécieront.
Fiche technique
www.fanticmotor.it
7990 €
Disponible en novembre 2020
// MOTEUR :
Cylindrée (cm3) : 125
Alésage x course (mm) : 54 x 54,5
Alimentation : carburateur Mikuni ø 38
Boîte : 6 rapports
Démarrage : par kick
// PARTIE CYCLE :
Cadre : semi double berceau en aluminium
Fourche : KYB Ø 48 mm, déb. 300
Amortisseur : KYB, déb. 315
Freins à disque AV/AR (mm) : Ø 250/245
// MESURES :
Empattement (mm) : 1445
Garde au sol (mm) : 363
Hauteur de selle (mm) : 975
Poids usine tous pleins faits : 95
Réservoir (l) : 9
Le kit plastique plutôt agressif de la Fantic XX 125 lui va à merveille.
Fantic a mis les petits plats dans les grands pour cette première présentation. Il y avait de la moto à tester !
Une petite dernière pour la route, en attendant la vidéo !
Par Richard Angot, photos Fantic et lui-même.