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Nos copains de chez Piston Avenue, près de Tours, nous ont déjà habitué à des choses improbables. Mais là, ils ont fait fort. Comme vous avez pu le voir dans un live sur notre page Facebook, ces passionnés de TT qui exercent dans des caves troglodytes en bord de Loire nous ont sorti une Alta, la vraie moto électrique de Motocross : la Alta Redshift MXR !
Soit LA moto qui a torpillé de nombreux pilotes pros à la Redbull Straight Rhythm avec Josh Hill qui, OK, n’est pas n’importe qui. De quoi se dire que le potentiel de la doit être là !
La moto pèse 113kg, dont 40kg sont attribués à la batterie qui se retrouvent au centre de la moto. L’absence de boite à air offre un grand espace vide en dessous de la selle qui donne une impression futuriste, idem pour l’arrière sans échappement. Tout paraît plus fin. Coté matos périphérique le bras oscillant, les roues, l’amortisseur et la fourche WP AER tout droit venus de chez KTM mettent en confiance. Les gars nous affirment aussi que le poste de pilotage (angle de repose-pieds, guidon et selle) est identique à une base Yamaha. De quoi ne pas être si dépaysé que ça.
La Alta MXR propose 4 modes, de pépère à vénère (soft, standard, puissant, surpuissant). Je commence en 2 pour reconnaître la moto et la piste. La prise en main n’est pas délicate : pas d’embrayage, pas de boite. Uniquement l’accélérateur et le frein avant/arrière. Facile ! La moto se fait facilement dominer si bien que 2 tours plus tard, let’s go ! On met le mode 3 qui se révèle le plus cohérent avec la puissance à laquelle les motos thermiques nous ont habitué. Par curiosité je passe la 4 à la fin de la session. Réponse poignée/roue instantanée et difficilement contrôlable, redoutable !
Pablo, le propriétaire de la moto, avait indiqué que le mode 3 était le plus efficient sur la traction de la moto et le plaisir de pilotage. Il a fallu une session pour s’en rendre compte.
Justement, le plaisir, qu’est-ce que ça donne sans le son et l’odeur ? Attention vos yeux, c’est le pro 250 2T qui vous parle. Et bien il faut avouer que l’arrivée de la puissance est “rectiligne”. De la force, il y en a partout, en illimité jusque plus soif. La moto n’arrache pas les bras car ce ne sont pas des montées en régime démoniaques, la vitesse de la roue arrière ne dépend que de l’ouverture de la poignée “de gaz” ainsi tout se fait à la sensation de la poignée. Pas de trou à l’accélération, d’erreur de rapport, d’embrayage. Cette moto permet de rester concentré sur le pilotage uniquement. Malgré la puissance de 50 bourrins couplée à un poids de 113kg, la Alta permet d’être très précis que ce soit sur les appels de saut pour juger de la longueur ou bien l’abord des virages.
Côté pilotage, on reste sur une moto de cross à part entière, les positions sont les mêmes que sur une thermique. C’est au pilote de s’adapter mais le changement n’est pas beaucoup plus perturbant qu’un passage 2T/4T.
En matière de performances, outre le fait qu’elle ait brillé sur des courses organisées par Red Bull, l’idée était d’appliquer une série type “ligue” avec.
Départ en mode 4, pas d’embrayage uniquement le frein avant pour ne pas déborder et la poignée de droite “full open” quand il faut tout lâcher.
Impressionnant, on se prend les G en pleine face sans que la moto ne lève. Efficace ! Quelques tours de circuit plus tard je repasse la 3 en roulant (c’est possible) et fait une session de 20 min. Certes je suis seul sur ce circuit de Vaas bien refait mais je sais que la fatigue ressentie en fin de manche est différente. Uniquement concentré sur le pilotage et les trajectoires, sans le son du moteur thermique incessant, les tours se sont enchaînés les uns après les autres.
Romain, le boss associé de Piston Avenue me dit “On en a fait des tours ici, mais il ne me semble pas t’avoir vu plus rapide”. Réponse illico :
– Abuse pas, je n’ai pas l’impression !
Le chrono ne ment jamais, on avait une thermique à l’essai le même jour. Pour les mêmes traces sur 1 tour : 1’59” pour l’électrique, 2’01” pour la thermique.
On est stupéfait du résultat et on se demande pourquoi ne pas avoir continuer dans ce sens pour l’industrie. On ressent quand même un désir des marques de s’investir avec une vidéo de chez Honda qui était sorti en 2019 où on voyait un japonais évoluer sur une moto électrique, ou l’an dernier avec une boite Hollandaise qui avait greffé un moteur électrique dans un châssis YZF en accord avec Yamaha. Très récemment, Kawasaki vient d’annoncer une gamme complète électrique en 2035. Désolé si vous n’étiez pas au courant de la news.
Revenons à nos moutons, notamment sur l’autonomie. La moto a nécessité une charge complète sur la pause du midi. Au total, elle a été en activité 1h20 sur la journée en mode 3 majoritairement. De quoi vous donner une idée. Pour les moto-clubs équipés d’électricité comme ce jour pas de problème. Sinon le comble est que vous devrez prendre votre bon vieux groupe electro pour recharger la moto. Greta Thunberg en PLS !
Et si le futur du motocross, c’était ça ? Et bien ce n’est peut-être pas si mal que ça. D’une part la génération scoot/50 cm3 à boite est en voie d’extinction, ainsi ces futurs pilotes et pratiquants ont moins d’affinités avec les moteurs thermiques qui nécessitent désormais un bon bagage technique pour l’entretien. D’autres part, les performances sont bien là, alors pourquoi pas ?(!)
Par Tonio, photos Matthieu Willay.