À moins d’un mois de l’échéance fixée au 23 mai 2025, KTM et sa maison-mère Pierer Mobility luttent toujours pour réunir les fonds nécessaires au plan de restructuration. Un retard inquiétant, au moment où la reprise de la production est déjà mise en danger par des problèmes d’approvisionnement.
Le 29 février dernier, les créanciers de KTM ont validé le plan de restructuration proposé par Pierer Mobility. Celui-ci prévoit le remboursement de 30 % des dettes de la marque, soit environ 600 millions d’euros, pour garantir la poursuite de ses activités. Cette somme, censée être versée d’ici le 23 mai, reste encore introuvable à ce jour.
Le groupe autrichien le reconnaît lui-même : les mesures de recapitalisation soumises à l’assemblée générale extraordinaire ne peuvent pas être appliquées dans les délais et conditions prévus. Une situation qui a conduit Pierer Mobility à repousser la publication de ses résultats annuels, initialement attendus fin avril, au 30 mai. Une décision qui interroge, car ce bilan sera publié après la date limite du plan de restructuration.
600 millions d’euros à trouver en urgence pour KTM
Le passif total de KTM est estimé entre 2 et 3 milliards d’euros. Dans le même temps, la marque fait face à un autre gros problème : plus de 250 000 motos invendues dormiraient dans ses immenses entrepôts. Ce stock, causé par des ambitions de croissance mal calibrées, pèse lourd sur les finances de l’entreprise, entre coûts de production et frais de stockage. Sans l’argent généré par les ventes, KTM est piégée dans une situation insoluble : la marque doit financer sa relance tout en remboursant partiellement ses dettes, une équation de plus en plus difficile à résoudre sans aide extérieure.
Pierer Mobility dit travailler avec ses partenaires, notamment l’indien Bajaj, pour tenter de lever les fonds propres nécessaires. Mais rien n’est encore acté. “Les résolutions relatives à toute mesure d’investissement doivent être adoptées lors d’une assemblée générale qui sera annoncée ultérieurement”, précise prudemment le groupe. Dans ce contexte, la solidité des liens avec les sous-traitants et fournisseurs est plus que jamais mise à l’épreuve.
Autre mauvaise nouvelle : selon le quotidien autrichien Der Standard, la production dans l’usine historique de Mattighofen est de nouveau arrêtée. Le nouveau PDG Gottfried Neumeister, successeur de Stefan Pierer, aurait suspendu les lignes de montage en raison de “graves problèmes dans la chaîne d’approvisionnement”. Comprenez par là que les fournisseurs historiques de KTM, déjà échaudés par les retards de paiement, ne disposent plus de pièces en stock. La production des composants, interrompue fin 2024 puis début 2025, n’a pas redémarré. Pire : certains sous-traitants hésitent désormais à retravailler avec une entreprise dont l’avenir demeure incertain…
En parallèle, KTM a stoppé la distribution de CFMoto dans plusieurs pays européens, signe supplémentaire d’un recentrage forcé. La marque joue sa survie à très court terme : sans levée de fonds rapide et sans redémarrage de la production, la menace d’une liquidation devient bien réelle.
Le groupe tente de rassurer en affirmant qu’il n’envisage pas un échec du processus d’investissement. Mais les faits contredisent les discours, et les créanciers pourraient perdre patience si la situation ne se débloque pas dans les toutes prochaines semaines. Pas simple, la vie en orange en ce moment…
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